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Le contexte historique

 
L’Empire Ottoman

 

Dans l’Anatolie de la fin du XIIIe siècle naît, sur les débris de l’Etat seldjoukide, le petit émirat turc ottoman, du nom de son fondateur Osmân. Cet émirat s’agrandit et s’étend sur une partie de l’Anatolie et des Balkans : aussi peut-on parler d’empire dès le règne de Murâd Ier (1362-1389), sultan qui, avec son vizir Kara Khalîl Djandarli, jette également les bases de l’Etat et de l’administration ottomanes : timâr ou attribution à titre de solde des revenus d’une terre imposable et impliquant service militaire, constitution du Trésor, organisation de l’administration centrale et provinciale, création du corps des janissaires…

A partir du règne de Mehmet II et de la prise de Constantinople (1453), héritière de la Rome antique, l’Empire Ottoman se donne une vocation universelle. Il s’étend rapidement aux trois continents (Europe, Asie, Afrique) et devient un califat sous Sélim 1er. Etat multiethnique et multiconfessionnel, il atteint son apogée sous le règne de Süleyman Kânûnî (le « Législateur ») connu en Europe sous le nom de Soliman le Magnifique (1520-1566).

Puis, l’empire décline pour de multiples raisons : corruption, clientélisme, déséquilibre financier, alourdissement de la fiscalité, instabilité politique, défaites militaires, troubles dans la capitale et dans les provinces, sclérose intellectuelle et artistique…

Pour faire face à ce déclin et sous l’influence européenne, des réformes (Tanzîmât) sont menées au XIXe siècle dans les domaines administratif, social, politique et culturel. Cependant, ces réformes se heurtent aux milieux conservateurs. En outre, elles ne sauveront pas l’Empire soumis aux convoitises des grandes puissances et miné par l’émergence des nationalismes. Défait pendant la première Guerre Mondiale, l’Empire, allié de l’Allemagne, est envahi. Menés par Mustafa Kemal, les nationalistes turcs dirigent alors une guerre d’indépendance qui aboutit à l’abolition du sultanat, en novembre 1922, à la proclamation de la République, en octobre 1923 et à l’abolition du califat, en mars 1924.

 

Ismet Touati

 
L’Algérie et la Tunisie à l’époque ottomane

 

Après la chute, en 1492, du dernier royaume musulman de la péninsule ibérique, les souverains catholiques d’Espagne mènent une politique impérialiste dirigée contre l’Afrique du Nord. Au Maghreb central, des points de la côte sont occupés (Mers el Kebir en 1505, Oran en 1509, Bougie en 1510) ou vassalisés (Alger, Ténès, Mostaganem…). Pour faire face à l’avancée espagnole, les populations côtières du Maghreb font appel à des corsaires turcs, rendus célèbres par leurs exploits en Méditerranée : les frères Barberousse. Ces derniers s’installent à Alger en 1516 et vers 1519, le survivant, Khay al-Dîn, fait allégeance au sultan ottoman Sélim 1er, inaugurant ainsi plus de trois siècles de présence ottomane en Algérie.

Ces trois siècles peuvent être subdivisés en quatre périodes :

- de 1520 à 1580, environ, l’Algérie s’aligne sur la politique étrangère sultanienne, dans un contexte de conflit  entre l’Empire Ottoman et l’Empire des Habsbourg. C’est l’époque des grands beylerbeys Khayr al-Dîn Barberousse, Salah Raïs et autres marins qui, à l’école algérienne, vont devenir des chefs d’Etat et des amiraux de la flotte ottomane.

- de 1580 à la fin du XVIIe siècle, l’Algérie prend son autonomie par rapport à Istanbul. Ainsi, les pachas envoyés par Istanbul pour trois années de gouvernement perdent tout pouvoir réel face aux janissaires et aux corsaires. Alger s’enrichit grâce à l’activité corsaire lancée contre la plupart des puissances européennes et plus seulement contre l’Espagne et ses alliés. La ville prend la stature d’une capitale.

- de la fin du XVIIe siècle à la fin du siècle suivant, la course algérienne décline sous l’effet de la riposte européenne. Le gouvernement algérien se stabilise. Dirigé par des deys depuis 1671, il opère des transformations profondes en signant des traités de paix avec la plupart des Etats d’Europe et en encourageant le commerce extérieur des productions algériennes, du blé surtout.

- de 1793 à 1830, les guerres de la Révolution française et de l’Empire napoléonien ont un impact  négatif sur une économie algérienne qui souffre de surcroît d’une mauvaise gestion affaiblissant l’autorité gouvernementale, d’autant plus que le pays connait une série de graves calamités naturelles ; l’impérialisme français va profiter de cette situation.

Conquise sur la dynastie berbère des Hafsides, en 1574, la Tunisie ottomane accueille, comme sa voisine algérienne, de nombreux réfugiés andalous. Face à l’anarchie de la milice des janissaires, rétive aux ordres d’Istanbul, le régime des deys est instauré dès 1591, ramenant l’ordre, tout en confirmant l’autonomisation de la province. A la tête de l’institution hafside de la mahalla ou camp responsable de la levée des impôts à l’intérieur du pays, les beys rivaux des deys contrôlent le pouvoir si bien que le second bey, Murad Corso instaure une dynastie dès l’année 1613 : la dynastie mouradite  gouverne la Tunisie jusqu’en 1702. Après un court intermède, la dynastie husaynite, instaurée par Husayn Ibn ‘Alî, lui succède en 1705. Elle va gouverner la Tunisie jusqu’à la proclamation de la République, en 1957.

 

Ismet Touati

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