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Palais du Bardo

Tunis

Situé à une demi-lieue de Tunis, le palais du Bardo est la résidence officielle des beys aux XVIIème, XVIIIème et XIXème siècles, dépassant la Kasbah en prestige. Il abrite aujourd’hui le musée national du Bardo (anciennement musée Alaoui). Il bénéficie d’une documentation exceptionnelle depuis les premiers travaux de conversion du palais en musée c’est-à-dire dès les années 1885. Les directeurs qui se sont succédé (René du Coudray de la Blanchère, Paul Gauckler, Allfred Merlin) ont mené une politique de reportage photographique qui rend compte des travaux et des différents aménagements du musée. Les plaques de verre sont conservées au musée du Bardo. La BINHA abrite l’important fonds Poinssot, directeur du musée Alaoui de 1920 à 1942.

Histoire

À l’origine, le Bardo est un palais de plaisance sous la dynastie hafside. Puis, sous Hammûda Pacha Bey (1631-1666), le palais du Bardo est racheté au diwan de la milice turque de Tunis en 1643 pour devenir la résidence permanente du bey. Il est alors rénové et agrandi. C’est également une ville royale somptueuse, où habitent le souverain, sa famille et le personnel à son service, et où l’on peut également trouver des rues commerçantes. Hammûda Pacha est un bey mouradite puissant, qui est fait pacha de Tunis en 1659. Malgré ses travaux au palais du Bardo, il déménage finalement au Dar el-Bey pour être plus proche de son peuple.

Le bey de Tunis Husayn Ben Alî (1705-1740) enrichit à son tour le palais et en fait le siège du gouvernement. De nouvelles salles, disposées autour de deux cours à portiques, voient le jour et une mosquée est notamment construite au Bardo. En effet, le bey, constatant un relâchement des mœurs, souhaite effectuer un retour aux traditions et fait construire de nombreux bâtiments de culte ou d’enseignement. Le Palais du Bardo prend de plus en plus d’importance. Alî Pacha, bey de Tunis de 1735 à 1756, reconstruit la salle de justice, rénove les appartements, et inaugure un nouveau pavillon.

Bien que le palais soit la résidence officielle des beys, dans la pratique, un bey n’habite jamais dans le palais où son prédécesseur est décédé. Mais, même dans de cas, le palais du Bardo reste le palais officiel pour les réceptions ou pour rendre la justice.

Après une période de relatif abandon du palais, le bey Mohamed (1855- 1859) et son successeur Mohamed Sadok (1859 –1882) acceptent qu’y soit installé le musée des antiquités (décrets du 1er mai 1882 et du 26 mars 1885). La Blanchère et Vernaz choisissent de ne conserver que les espaces « ayant une valeur historique », ou « dans un relatif bon état ». Ainsi, le musée prend place dans le tribunal de justice, l’appartement des femmes, c’est-à-dire le harem, la salle des fêtes, et quelques autres pièces. Ces espaces sont rénovés par la direction des Travaux publics, les autres sont démolis. Le « musée Alaoui », appelé ainsi en hommage au souverain Ali Bey (1882-1902), est inauguré le 7 mai 1888.

Architecture et décor

Architecture

Le palais du Bardo est situé au cœur d’une cité fortifiée, bordée de remparts crénelés et abritant des rues commerçantes. Il apparaît, aux yeux des visiteurs européens, tantôt comme une imposante citadelle (Peyssonnel), tantôt comme un « entassement de constructions informes et délabrées » (Lallemand). En effet, il s’agit d’un ensemble de bâtiments aux styles très variés puisque les souverains successifs y ont effectué des travaux de rénovation et d’agrandissement.

Au rez-de-chaussée, la première cour est bordée de pièces fonctionnelles (écuries, remises). Une seconde cour mène à la mosquée et aux appartements. De ce point, quelques marches de marbre blanc conduisent au tribunal. Une troisième cour donne accès à trois grands appartements, entrecoupés des logements des officiers et des domestiques. On trouve l’appartement des femmes dans l’avant-cour. Au premier étage, les pièces sont organisées autour d’un patio : la salle des fêtes à gauche, la salle de concerts en face de l’entrée du patio, et des appartements privés à droite. Le jardin du Bardo, où poussent des orangers, est décoré de fontaines et d’un bassin de marbre blanc. On y trouve également un pavillon.

 

Décor

Le palais du Bardo marque les voyageurs européens par la richesse et l’élégance de ses décors intérieurs. L’entrée se fait par une porte cochère plaquée de cuivre, et ornée de clous et de heurtoirs en bronze. Plusieurs influences, tunisiennes, italiennes et hispano-mauresques, se croisent dans les décors du palais, suivant le goût des souverains qui l’ont habité. Ce sont principalement des céramiques et des plâtres sculptés, ornés de fleurs, rinceaux et palmettes, de motifs géométriques et d’entrelacs, d’arcades, de minarets et de vases.

 

 

Sources

BACHA, Myriam, and Eve Gran-Aymerich, Patrimoine et monuments en Tunisie, 1881-1920, Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2013

CAGNAT, René, and Henri Jules Saladin, Le voyage en Tunisie de R. Cagnat et H. Saladin, ed. par François Baratte, Paris : Ed. du CTHS, 2005

LALLEMAND, Charles, Tunis et ses environs, texte et dessins d’après nature, par Charles Lallemand..., [Bibliothèque Paul Pelet (1849-1927)], Paris : Quantin, 1890

SAADAOUI, Ahmed, Tunis ville ottomane: trois siècles d’urbanisme et d’architecture, Tunis : Centre de publication universitaire, 2001

Chronologie
Pour aller plus loin
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