Palais Ksar Saïd
Tunis
Le palais Ksar Said est un ancien palais beylical tunisien édifié dans la deuxième moitié du XIXème siècle. En raison de sa proximité avec la résidence beylicale (musée du Bardo aujourd'hui) Ksar Said pouvait apparaître comme une annexe de celui ci. De nombreux voyageurs étrangers de la fin du siècle dernier furent éblouis par l'importance du palais et de ses jardins.
Histoire
Le palais Ksar Said fut le lieu de séjour préféré du ministre Mamelouk Ismail Es-Sounni, haut dignitaire de l’Etat beylical (garde des sceaux du Souverain) et beau-frère des beys Mohamed et Mohamed El-Sadik. En 1867, Ismail Es-Sounni fut accusé de complot contre le bey régnant Mohamed El-Sadik et exécuté. Celui ci s'installa dans le palais en 1869 et l’appela à titre propitiatoire Ksar Saïd (Le palais bienheureux).
Période coloniale
C’est au palais de Ksar Saïd qu'est imposé à Sadok Bey (Mohammed el-Sadik Bey) la signature du traité du 12 mai 1881, plus connu sous le nom de traité du Bardo, qui marque le début du protectorat français de Tunisie. Le traité du Bardo, appelé aussi traité de Ksar Saïd, est un traité signé entre le bey de Tunis et le gouvernement français le 12 mai 1881. Il instaure le protectorat de la France sur la Tunisie. Le bey est alors contraint de confier tous ses pouvoirs dans les domaines des affaires étrangères, de la défense du territoire et de la réforme de l'administration au résident général de France. Après la mort de Sadok Bey, en 1882, le palais est délaissé par son successeur Ali III Bey qui préfère s'installer à La Marsa.
XXème siècle
Au tout début du XXe siècle, le palais redevient une résidence beylicale sous Hédi Bey qui est le seul souverain à l'habiter après Sadok Bey. En 1951, Lamine Bey fait de Ksar Saïd le siège d’un centre hospitalier qui porte son nom, avant qu’il ne soit rebaptisé hôpital Aboulkacem-Chabbi en 1957 et mis à disposition du ministère de la santé publique. La création, au sein du palais, d'un musée consacré aux beys des dynasties husseinite (1705-1957) et mouradite (1613-1702) est envisagée après la révolution de 2011.
Architecture et décor
Le palais Ksar Said est un palais qui s'inscrit fondamentalement dans le patrimoine monumental tunisien de l'époque husseinite. La décoration et l'architecture fastueuse du palais attestent de son pouvoir d’influence. On décèle dans la décoration une massive influence européenne, mais aussi une profonde fidélité au répertoire architectural et décoratif local. Le souverain et son entourage estimaient le baroque italien, dont ils s'inspiraient abondamment pour la décoration du palais, inégalable.
L’influence européenne est d’abord visible dans l’architecture générale du palais ainsi que dans la décoration intérieure. Tous les murs sont abondamment revêtus de carreaux de céramique importés essentiellement d’Italie et de France. Toutes les peintures exécutées sur les plafonds sont également de facture italienne, tout comme les meubles, les teintures et les accessoires d’ameublement. (tapis, canapé, fauteuils, portières en velours rouge, lustre de Venise...) Le palais Ksar Said, dont l'architecture est soumise à un strict souci de symétrie (en doublant la plupart des pièces) répond également au goût de l'époque.
Cette prédilection pour le style européen, très nette à Ksar Saïd, ne s’est cependant pas traduite par un abandon de la tradition locale. En bien des endroits du palais, des références importantes au répertoire architectural et décoratif local existent. C'est le cas des deux salons d’apparat du premier étage donnant sur le patio central : excepté les carreaux de céramique qui sont d’importation, tous leurs éléments architecturaux sont établis conformément aux normes et au goût alors en vigueur à Tunis.
Intérieur (rez de chaussée) :
Le hall d'entrée montre marbres et faïences européennes dont l'emploi s’étend à l'ensemble du palais. Des colonnes de marbres s'ajoutent de chaque côté en dessous de la voûte en berceau.
Un couloir également voûté se prolonge de part et d'autre de la driba, reliant à la fois les deux extrémités du bâtiment et desservant les différentes pièces du rez de chaussée, grâce à d'autres couloirs transversaux ; à droite de la driba s'élève l'escalier d'honneur en marbre sous voûte stuquée et compartimentée à l'italienne.
Patio
Le patio à péristyle forme un vaste salon centrale à l'étage, le plafond est peint à l'italienne, la galerie circulaire est composée de colonnes de marbre, surmontées de chapiteaux néo-corinthiens et les arcs cintrés à mascarons de stucs d’œil de bœuf. Le plafond en toile peinte est ornée d'armes beylicales et auparavant y était suspendu un lustre de Venise. Les portes et fenêtres des salles d'apparat s'encadrent de marbre entre les lambris de faïences italiennes.
Salles d'apparat
Ce sont des salles rectangulaires placées aux extrémités du patio, tapissées de faïences et couvertes de voûtes nues.
Salons du premier étage
Coté sud se trouve une vaste salle dont l'unique ornementation traditionnelle couvre la voûte en arc de cloître d'une profusion de rosaces entrelacées. Coté nord un salon à plan cruciforme se compose d'une grande salle carrée avec ses trois alcôves (kbuwat), médiane et latérales dont deux abritaient des lits à baldaquins.
Appartements
Dans l'aile gauche du palais se trouvaient les appartements privés, groupés autour de petits patios couverts, que des couloirs relaient à la cour principale.
Sources
http://www.lapresse.tn/22122014/33174/le-musee-de-ksar-said-un-patrimoine-a sauvegarder.html