Palais Abdelliya
Tunis
Le palais Abdelliya est un palais d’été datant de l’époque hafside. Commandé par un des derniers souverains de cette dynastie, Abu ‘Abd Allah Muhammad, il est le vestige le plus ancien de cette période de l’histoire tunisienne.
Histoire
Des trois palais originellement construits, un seul est conservé, l’Abdilliyya El Koubra. Ce palais a été édifié à l’écart de la capitale, non seulement pour des questions de tranquillité mais aussi pour servir de refuge. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le palais constitue une villégiature estivale recherchée pour les beys mouradites et husseinites avant qu’ils ne rejoignent les palais de la capitale ou du Bardo.
Au cours du XIXe siècle le Palais al-Abdelliya hébergé des membres de la cour beylicale mais aussi des personnalités tunisiennes et étrangères, notamment le bey Mahmoud (1814-1824) qui donnait une importance particulière à ses « deux maisons de la Marsa ». Cependant celles-ci ont été menacées de ruine après sa mort. En effet, au cours de leurs règnes, Mustapha bey et Ahmed bey ont délaissé le palais. Il fut occupé alors par les consuls d’Angleterre (Thomas Reade et Richard Wood), jusqu’au moment où Mhamed bey (1855-1859), dernier bey à vivre dans le palais, s’y installe pour des raisons médicales.
Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, le palais sert d’école primaire ; il est aujourd’hui devenu un centre culturel.
Architecture et décor
Dans son utilisation originelle, la résidence est plus bordj que palais, mais l’appellation « sanit Abdalliya » désigne à la fois le bordj (l’habitation avec communs) et la janina, (jardin et verger). Les bâtiments d'al-Abdelliya présentent l’aspect d’une résidence princière notamment du fait de leur ampleur. Ce caractère princier se manifeste également par la présence d’une tour surélevée qui dominait le domaine. De plus les trois grandes salles axiales du premier étage qui présentent le plan traditionnel en T, sont d’une largeur qui ne peut être attribuée qu’à une résidence royale.
La surélévation de la cour reprend celle du Bardo hafside (XVe siècle). Elle met au même niveau la cour intérieure, les chambres qu’elle dessert, le bassin central et la noria voisine. Le rez-de-chaussée est, quant à lui, réservé aux communs.
L’entrée s’ouvre en largeur par un péristyle de trois arcs brisés qui reposent sur des colonnes calcaires à chapiteaux turcs. Elle débouche sur une pièce carrée voûtée en coupole dont le pourtour et aménagé de banquettes qui correspond à la driba (ou salle d’attente). La taille inhabituelle de ce premier espace d’accueil démontre qu’il constituait non seulement l’entrée d’honneur mais aussi une salle d’audience pour la justice rendue par le souverain. La place de celui-ci est encore marquée par la présence d’une niche arrondie. Les murs de la driba sont décorés de faïences italiennes et les larges trompes d’angles en coquille de la coupole séparent des tympans ornés de stucs. Ce décor provient probablement d’une rénovation du XIXe siècle, époque à laquelle les dignitaires européens apportent les goûts et les tendances stylistiques de l’Europe. L’ancienne driba était sans doute plus caractéristique de l’époque ottomane.
Au sol, un carrelage de faïence polychrome unie (verte, jaune, et bleue) formant un décor à large quadrillage noir sur fond blanc, est caractéristique de la fin de l’époque hafside et de l’influence andalouse. Il n’est conservé que dans une des trois salles d’apparat, mais devait s’étendre dans l’ensemble des pièces.
La cour centrale, dallée de calcaire, présentait autrefois un grand bassin rectangulaire en son milieu ; celui-ci faisait l’effet d’un miroir qui reflétait les façades intérieures du palais.
Sources :
Qantara-med http://www.qantara-med.org/qantara4/public/show_document.php?do_id=423
Jacques Revault, Palais et résidences d'été de la région de Tunis, XVIe et XIXe siècles, Paris, 1974, CNRS, p. 55-72.